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80e anniversaire de la Libération à Chalonnes-sur-Loire

80e anniversaire de la Libération à Chalonnes-sur-Loire

 

Lundi 26 août 2024, la municipalité de Chalonnes-sur-Loire a convié les Chalonnaises et les Chalonnais à une cérémonie de commémoration des 80 ans de la Libération au lieu-dit La Soulouze, sur l’île de Chalonnes, en partenariat avec la section chalonnaise du Comité du Souvenir français.

 

 

Discours • Allocution de Madame la Maire

“Mesdames et messieurs les élus,

Mesdames et messieurs les représentants des anciens combattants,

Mesdames et messieurs les porte-drapeaux,

Chers administrés,

 

Notre commune s’associe aujourd’hui à l’hommage rendu cette année par la Nation aux libérateurs de l’année 1944.

Principalement opérée à partir du débarquement allié en Normandie puis du débarquement de la 1re armée française en Provence, la libération de notre pays a été grandement facilitée par l’action de la Résistance réunie au sein des Forces Françaises de l’Intérieur, les F.F.I.

En ce 80e anniversaire qui commémore la Libération de notre pays, c’est donc sur ce lieu, la Soulouze, où se déroula à l’époque l’un des derniers combats contre l’occupant pour libérer l’Anjou, que nous nous rappelons l’une des périodes les plus fortes de l’histoire de Chalonnes. Car, comme cela vient d’être rapporté, il a été le théâtre d’une tragédie : ici, le 26 août 1944, 3 membres des F.F.I., 3 jeunes Français y ont trouvé la mort à 17, 18 et 19 ans.  

C’est donc ici que nous avons choisi de nous recueillir en mémoire de tous ceux qui ont subi pendant 4 longues années les conséquences d’une défaite militaire inattendue qui a causé, en seulement 45 jours, la mort au combat de 123 000 soldats, dont 12 Chalonnais.      

4 longues années d’occupation de la commune, du 20 juin 1940 au 30 août 1944, pendant lesquelles Chalonnes et les Chalonnais ont souffert…

Alors qu’Angers a été déclarée ville ouverte dès le 19 juin 1940, le Maréchal Von MANSTEIN précipite son armée sur la Loire afin d’en contrôler les ponts et de poursuivre l’invasion au sud. Défendus jusqu’au dernier obus par des unités de cavalerie, d’infanterie et du génie, notamment des tirailleurs sénégalais, les ponts de Saint-Georges et de Chalonnes figurent parmi les cibles prioritaires des troupes allemandes ; le génie français fait sauter préventivement le pont de Chalonnes dans la nuit du 20 au 21 juin. Cette résistance, souvent héroïque, permet de retarder l’avance ennemie et de protéger la retraite de nos troupes.

Les combats font 2 morts et une vingtaine de blessés dans la population. De nombreux bâtiments sont dégradés : les clochers de nos 2 églises, Notre-Dame et Saint-Maurille, suspectées, ainsi que le belvédère de Pierre-Cout, d’abriter des observateurs, l’hôtel de ville, les bâtiments placés à proximité du pont, quelques dizaines d’habitations et de commerces… Enfin, la ville est investie dans la nuit du 21 juin par l’ennemi, ce qui donne lieu à quelques scènes de pillage.

Pour ajouter à l’anxiété des Chalonnais, leur maire s’est enfui dès le 18 juin, quittant son poste avant la tourmente, abandonnant ses administrés à un sort incertain ; il sera révoqué dès le lendemain et remplacé le 11 juillet par un maire intérimaire jusqu’en février 1941. Une administration allemande se met en place, d’abord sans hostilité apparente puis au fur et à mesure du durcissement du conflit, en faisant peser un poids de plus en plus lourd sur la population, soumise d’emblée à de nombreuses restrictions et à un rationnement alimentaire drastique.   

La sidération qui a suivi cet épisode tragique a rapidement inspiré un esprit de résistance. Chalonnes fut l’un des 21 secteurs d’un réseau de renseignement belge, créé en 1942 et qui devait disparaître en mars 1944 après l’arrestation de tous ses cadres par les services de renseignement allemands. Cependant, l’absence de vastes zones escarpées et boisées n’a pas facilité l’action de la Résistance, alors que l’occupant se trouvait en position de force pour conduire des actions de représailles contre la population. Pourtant, c’est près de Chalonnes que s’est déroulé l’un des premiers actes de résistance dans le département, avec le sabotage en septembre 1940 d’une ligne téléphonique installée fin juin, chemin du Port Girault par l’occupant peu après son arrivée : le 1er octobre, 10 notables chalonnais furent pris en otages en représailles, l’intervention rapide du maire intérimaire, M. Pierre CESBRON, auprès de la Préfecture aboutissant heureusement à leur libération.

L’armée française prise au piège de la manœuvre allemande, ce sont près de 2 millions de soldats qui sont prisonniers des Allemands : 101 soldats chalonnais sont retenus en Allemagne dans des conditions souvent très sévères, la très grande majorité ne seront libérés qu’à la fin des hostilités en mai 1945. Sous l’impulsion de M. LAFFON de LADEBAT, ex-officier de carrière et maire de Chalonnes depuis février 1941, les Chalonnais se mobilisent pour leur venir en aide en créant une Caisse d’Assistance aux Prisonniers de Guerre.

Devant le peu de succès de l’appel à volontaires de l’occupant pour travailler en Allemagne et de la tentative du gouvernement de VICHY d’obtenir le retour de prisonniers de guerre en échange de l’envoi de travailleurs, le Président du Conseil, Pierre LAVAL, institue le Service Obligatoire du Travail en 1943 : beaucoup de Chalonnais tentent et parfois réussissent à y échapper en se cachant des autorités, 31 y seront astreints… 

Les malheurs de Chalonnes prirent fin le 30 août 1944, les Allemands ayant abandonné la ville devant l’avancée des alliés qui, depuis juin, ont procédé à plusieurs bombardements, notamment sur le pont ferroviaire de l’Alleud et la gare de Chalonnes.

Ainsi, après le 1er conflit mondial qui avait fauché 1 jeune conscrit chalonnais sur 4 (129 soldats), Chalonnes a traversé une nouvelle période très sombre dont elle s’est relevée au cours des 30 glorieuses. Les ennemis mortels d’hier se sont réconciliés : « On dit qu’ils sont tombés pour rien ». Et l’on cherchera une impossible consolation dans les mots de Charles Péguy : « Heureux ceux qui sont morts pour la terre charnelle pourvu que ce fût dans une juste guerre ». 

De cette triste période de l’histoire de notre commune, chacun d’entre nous doit garder la mémoire. Parce que cela donne du sens au sacrifice de ces 3 enfants qui sont tombés ici, parce que nous leur devons une profonde reconnaissance pour leur engagement et aussi parce que l’actualité contemporaine, lourde de menaces, nous rappelle à la vigilance.”

 

Discours • Rappel historique des faits survenus à la Soulouze, par le président du comité Loire Layon Aubance du Souvenir Français

 

“Notre pays commémore cette année le 80e anniversaire de sa libération par un ensemble de manifestations qui relèvent essentiellement de l’initiative locale. Chalonnes ne pouvait pas demeurer en dehors de ce vaste mouvement.

Certes, comme partout en France, les Chalonnais témoins, acteurs ou victimes de la Seconde Guerre mondiale se font désormais rares. De même que se font de plus en plus rares les témoins, acteurs ou victimes des conflits qui ont suivi cette guerre : les associations nées après ces conflits voient leurs rangs s’éclaircir d’année en année. La mémoire historique de notre commune pourrait disparaître si nous n’y prenons garde. Winston CHURCHILL affirmait qu’« une nation qui oublie son passé n’a pas d’avenir” . Gardons-nous de cela !

 

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Aussi, aujourd’hui, nous sommes réunis sur un lieu très symbolique pour l’histoire de Chalonnes pendant la Seconde Guerre mondiale : c’est ici que 3 jeunes Français de 17, 18, 19 ans ont payé de leur vie le prix de notre Liberté.

Grâce au travail de recherche et de reconstitution, œuvre de notre historien militaire, Jean-Philippe Chamaillet, nous pouvons nous transporter en ce lieu de mémoire en août 1944, il y a 80 ans. Il est alors quasiment tel qu’il est aujourd’hui : ce petit hameau de la Soulouze, ce ciel bleu, ces grandes étendues de champs, fraîchement récoltés et moissonnés, cette vallée verte…

Il y a 2 mois et demi, le 6 juin, les alliés ont débarqué en Normandie. Ils sont entrés dans le Maine-et-Loire au cours de la nuit du 4 au 5 août et ont libéré Pouancé le 5. C’est la première ville libérée dans le département.

Puis les opérations de reconquête s’enchaînent. Le 10 août, Angers est libérée. Les alliés poursuivent leur progression vers l’Est. Leur stratégie est de se concentrer sur la rive nord de la Loire et de laisser provisoirement la rive sud aux mains de l’occupant. La Loire devient ainsi la frontière naturelle entre les deux zones.

Dès lors, les Forces Françaises de l’Intérieur, les FFI, reçoivent les missions d’assurer la défense de la zone nord Loire en empêchant toute infiltration ennemie par-delà le fleuve et de renseigner les forces américaines sur les activités allemandes. 

À partir du 18 août, positionnés dans le bourg de Chalonnes, les Allemands cherchent à entraver toute progression des alliés vers le Sud. L’île de Chalonnes est évacuée de ses habitants afin de créer un no man’s land.     

Défiant cette mesure, le 26 août à 1h30 du matin, une vingtaine de volontaires FFI, appartenant au 1er Bataillon 1/4 de Marche du Maine-et-Loire, quitte la caserne d’Espagne à Angers pour aller se poster sur l’Île afin de se rapprocher de l’ennemi et de renseigner sur ses activités.

Aux alentours de 5h00 du matin, le groupe arrive face à la Loire au lieu-dit « le Boyau » sur la commune de Saint-Georges-sur-Loire. Avec l’aide d’un passeur et sous la protection d’une automitrailleuse américaine, le détachement traverse le fleuve et rejoint « la Soulouze ». Il se scinde en trois : un groupe s’installe à « l’Orfraie », un autre à « la Petite Soulouze » et le dernier, avec le Poste de Commandement, à « la Soulouze ».

Les FFI sont rapidement repérés par les Allemands depuis le bourg de Chalonnes.

Dès le début d’après-midi, vers 14h30, le groupe de l’Orfraie se fait sérieusement accrocher par une patrouille allemande. Pierre Nédélec, qui tente de retraverser la Loire pour échapper à l’ennemi, tombe, mortellement atteint.

Ses camarades de « la Petite Soulouze », alertés par la fusillade, décident d’ériger une barricade. Mais déjà, Julien Ferté, placé en sentinelle aux avant-postes, est abattu par une rafale. Le reste du groupe décroche et s’enfuit à travers les champs de chanvre. Dans le même temps, les Allemands ont encerclé « la Soulouze ». Roger Perez-Moreyra qui fait le guet à l’endroit même où nous nous trouvons est abattu lui aussi.

De la levée, alertés par les échanges de tirs, les Américains viennent en appui aux résistants en mitraillant les berges au nord de l’Île.

Au cours de l’opération, les Allemands parviennent à capturer 12 FFI qui sont alignés le long du mur de cette ferme de la Soulouze.

Les quelques résistants qui ont réussi à regagner la rive nord sont en mesure de renseigner plus précisément les Américains. Ceux-ci font feu avec leur automitrailleuse en direction des fermes de « la Soulouze ». L’une des maisons prend feu, les prisonniers profitent de cette diversion pour tenter de fuir.

Quatre d’entre eux sont cependant repris et conduits dans le bourg de Chalonnes. Le 29 août, à leur départ de la ville, les Allemands les emmènent avec eux. Ils parviendront à s’évader au cours de leur transfèrement vers l’Allemagne.     

Roger Perez-Moreyra et Julien Ferté sont portés en terre au cimetière de Saint-Georges-sur-Loire le 28 août 1944. Le corps de Pierre Nédélec n’est retrouvé que le 5 octobre 1944, accroché à une pile du pont de Montjean-sur-Loire. Il est inhumé au cimetière de cette commune le 7 octobre 1944. 

Pierre Nédélec était né le 12 octobre 1926 à Angers. Sa mère tenait un commerce de « beurre-fromage-conserves et salaisons » rue Saint-Aubin. Il n’a que 17 ans 1/2 lorsqu’il est tué. Il fut décoré à titre posthume de la croix de guerre avec étoile de vermeil.

Roger Perez-Moreyra était né le 28 mars 1926 à Strasbourg. En 1940, il quitta l’Alsace avec ses parents lors de l’invasion allemande pour se réfugier à Angers. En 1941, par le biais du scoutisme, il était entré dans la Résistance pour laquelle il assura des missions de renseignement ; il participa à la Libération d’Angers. Il est âgé de 18 ans quand il meurt à Chalonnes. Il est décoré de la Médaille militaire et de la Croix de guerre avec étoile de vermeil à titre posthume.   

De Julien Ferté, peu d’informations nous sont remontées. Il était né le 2 juin 1925 à Lisieux. Au débarquement des Alliés en Normandie, il quitta la Normandie avec ses parents pour fuir les violents combats qui s’y déroulaient. Il s’engagea dans les FFI le 2 août 1944. Il meurt à 19 ans.

Ces trois très jeunes gens ont donné leur vie pour rendre la Liberté à leur pays, ils sont morts pour la France, ils sont morts pour nous tous.

Cette plaque commémorative de leur sacrifice a été inaugurée le 26 août 2012 en présence de M. Maurice Battais, à l’époque engagé au 1er Bataillon 1/4 de Marche de Maine-et-Loire.

M. Battais, qui fut conseiller municipal de la ville d’Orléans, est décédé le 15 avril 2015. Désormais, la mémoire de ces combattants, de ces héros de la Liberté, celle de leurs engagements, celle de leurs souffrances, celle de leurs sacrifices, celle de tous ceux qui alors ont versé leur sang pour la France, ne repose plus que sur nous tous.”

 

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